Il y a d'abord eu le moment difficile du : "tiens, prend ça, c'est adorable, garde-le pour tes enfants..." Puis il y a eu une certaine émotion : "tu portais ça quand tu étais petite...", c'est tellement petit, on se demande comment on a pu rentrer dedans...

Et puis soudain un flash, un souvenir qui revient comme un boomerang...

Dans cette malle là, la bleue, la deuxième, il y a cette robe...

Cette robe rouge pour laquelle nous nous battions ma cousine et moi... Elle était longue, douce, belle... Elle m'allait si bien... Comme je n'étais pas de taille adulte, elle tombait par terre... C'était magnifique... Sublime... Je me disais qu'avec cette robe, il pourrait tomber amoureux de moi...

Ah douce et acide enfance pendant laquelle l'apparence était reine...

Alors j'ouvre la malle.

C'est elle, je la reconnais !

Je la déplie minutieusement...

Et tout me revient... Comme dans Amélie Poulain, lorsque Dominique Bretodeau (avec un to comme Toto) redécouvre avec grande émotion cette petite boîte poussière dans laquelle il avait caché ses souvenirs d'enfance.

Dominique Bretodeau vit sa vie. Il va acheter son poulet, il boit il mange il dort. Dominique Bretodeau a oublié la petite boîte... Il l'a oubliée...

Et pourtant, quand il la voit dans la cabine téléphonique, tout lui revient...

Et cette robe rouge me fait le même effet... Des souvenirs en rafale... ziooooon.... (oui oui, c'est le bruit d'un souvenir... :-D)

Alors je descends dans la salle de bains...

Je nous revois Juliette et moi, courir jusqu'au grenier...

-Tu la mettras pour jouer tout l'après-midi, mais moi je la mettrais pour l'apéro, quand il y aura tout le monde...

On défilait dans le couloir du premier... On cherchait de beaux habits, de quoi nous faire belle.

Juliette pouvait porter n'importe quoi, elle était sublime... Elle avait la classe. Même derrière ses lunettes.

Moi j'étais pataude, godiche... Taillée dans du marbre blanc comme une statue romaine, bien carrée.

Mais avec cette robe je me trouvais superbe...

Je l'essaye donc... Le bas de la robe ne dégringole plus par terre (petite déception...), et couvre mes jambes jusqu'aux chevilles. Je ris.

Parce que c'est drôle. ça me fait rire de revoir cette robe. Qui a été le rêve, le bonheur, de deux petites filles il y a quelques années, et bien avant, la robe de soirée d'une femme...

Elle a passé toutes ces années enfermée dans cette malle, attendant que quelqu'un se souvienne d'elle.

(je personnifie, je sais, mais j'adore ça...)

Là je la porte... Ben oui, pour rattraper tous ces après-midi durant lesquels je ne pouvais la porter que 5 minutes, avant que Juliette ne l'enfile.

Ah.... Petite robe rouge...